La Sultane N55 | Page 53

Carthage

Nous connaissons tous le funeste destin de la cité punique , que l ’ on peut de fait rapprocher de celui de Troie ou encore de Babylone en Mésopotamie . Cependant Carthage continue de faire rêver . La question est en droit d ’ être posée . Jadis florissante tel un diamant au milieu du désert , la cité de Qart Hadasht disparaîtra pour toujours de la surface du globe et des souvenirs et de la mémoire de l ’ homme . Mais Carthage demeure Carthage , la référence absolue pour tout Tunisien . Le souvenir lointain d ’ une grandeur et d ’ une indépendance chèrement acquise face aux Grecs puis les Romains . De fait , la Tunisie retrouvera-t-elle son prestige d ’ antan comme ce fut le cas avec Carthage ? La civilisation de Carthage peut – elle nous inspirer et nous apporter des solutions pour sortir de cette situation ? La Sultane Magazine a posé la question à quelquesuns et quelques-unes de nos meilleurs spécialistes .

Un rapport du World Happiness Report des Nations unies est sans équivoque : les Tunisiens font partie des plus malheureux au monde . Le rapport en question se base sur de nombreux indicateurs tels que le produit intérieur brut ( PIB ), les aides sociales , l ’ espérance de vie , la générosité citoyenne , la liberté individuelle ou encore le niveau de corruption … « Cette terre avale vos rêves et vos désirs et vous transforme littéralement en mort-vivant , en zombie » lancent des adolescents face caméra … Dès lors , Tunisiens et Tunisiennes en viennent à se poser d ’ autres questions : cela a-t-il toujours été ainsi en Tunisie ? Sommes-nous voués à être tristes ? À qui incombe la faute ? Alors bien évidemment les plus superstitieux d ’ entre nous s ’ en remettent au destin et évoquent même une malédiction . Après tout , une légende veut que cette terre ait été salée par les Romains et c ’ est probablement à cause de Carthage et des Carthaginois que nous en sommes là . C ’ est aussi à cause de certaines pratiques comme les sacrifices d ’ enfants à la divinité Moloch qui étaient alors légions que nous sommes dans cette situation . Encore faut-il le prouver ! Que dire alors de ce capitalisme sauvage qui prévaut en Tunisie ? N ’ est ce pas l ’ héritage direct de certaines pratiques pécuniaires qui remontent aux Phéniciens et qui consistent à vendre tout et n ’ importe quoi , pourvu

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NUMÉRO # 55