La Sultane #64 | Page 26

CHEZ ZERYEB

Taht Essour

Un air de liberté pour un souffle de renouveau

« Taht Essour ». Deux mots qui ont profondément marqué et bouleversé la vie sociale , c ulturelle et surtout politique de la Tunisie . Quiconque entend ces mots que l ’ on traduit en français par « Sous les remparts » se trouve littéralement transporté à une époque empreinte de romantisme et d ’ idéalisme mais qui fut aussi terriblement marquée par l ’ injustice et le désenchantement . Une époque qui se situe dans les années 30 et 40 faisant d ’ ailleurs fortement écho à la Tunisie post-révolutionnaire qui a vu les intérêts mercantiles d ’ une poignée d ’ individus remplacer le joug colonialiste .

Il n ’ est pas un seul tunisien aujourd ’ hui , homme ou femme qui n ’ évoque ce mouvement avec fierté et nostalgie . Un mouvement qui a emprunté son nom au café situé au quartier Bab Souika de Tunis et où tous ses membres se retrouvaient pour changer le monde à leur manière . Des révolutionnaires qui répondaient aux noms désormais célèbres de Habib Cheikhrouhou , Mohamed Arbi , Abou el Kacem Chebbi , Tahar Haddad , Abdelaziz El Aroui , Abderrazak Karabaka , Mustapha Khraïef , Hédi Jouini , Hédi Laâbidi , Zine el-Abidine Snoussi et Khemaïs Tarnane , Ali Douagi ou encore Yahia Turki . Dans ce café « Taht essour », tous ces libres-penseurs se prenaient à rêver d ’ une Tunisie fière et indépendante . Alors que la « Der des ders », la grippe espagnole et les millions de morts qu ’ elles ont engendrés à travers le monde venaient de prendre fin , les membres de ce groupe d ’ intellectuels tunisiens provenant de différentes disciplines , se réunissaient dans ce café aujourd ’ hui disparu de Bab Souika . D ’ illustres inconnus qui étaient sur le point de bouleverser le cours des choses et apporter un souffle nouveau , révolutionnaire en bousculant les mœurs et le monde des idées de la Tunisie d ’ alors . Une Tunisie écrasée sous le joug du colonialisme et dont le peuple étouffait littéralement . Outre ces artistes , d ’ autres citoyens lambda se retrouvaient « également au café « Taht essour ». Qu ’ il s ’ agisse d ’ enseignants , d ’ ouvriers , de petits artisans ou de simples fonctionnaires . Ils étaient soit tunisois ( natifs de Tunis

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NUMÉRO # 64